De 2004 à 2005, pendant un peu plus d’un an, à raison d’un voyage par mois, Patricia de Gorostarzu a sillonné, avec son « Hasselblad », tous les quartiers de New York. Ses photographies en noir et blanc, prises sur le vif au fil de ses pérégrinations et de ses rencontres, peuvent apparaître insolites et d’un autre temps. Elles sont pourtant un reflet sans paillettes, un témoignage étonnant de ce qu’est la « Big Apple » à l’orée du deuxième millénaire…
Préface d’Éric Bibb, troubadour.
New York City, la ville où je suis né, la ville où j’ai grandi, a été le terrain d’apprentissage idéal pour la vie de musicien que je me suis choisie. J’avais le monde entier sur un plateau, apporté par les gens, les langues et les musiques qui composaient mon quotidien. Les treize premières années, nous habitions dans le Queens, qui deviendrait le port d’attache de nombreux artistes hip-hop aujourd’hui célèbres. Dans ma rue cohabitaient tant bien que mal des familles de multiples origines – philippines, irlandaises, portoricaines, italiennes, arméniennes, polonaises, chinoises, afro-américaines – qui toutes voulaient leur part du rêve américain. L’air était empli d’espoir, d’ambition et de fierté communautaire. Nous étions tous des immigrants avec dans leurs bagages des plats et des musiques d’autres rives. Une musique ou un plat qui auraient semblé exotiques à un gamin de l’Oklahoma faisaient partie de mon quotidien. C’est le plus beau cadeau de New York à ses citoyens : la possibilité de rencontrer et de nouer une amitié avec des gens issus de toutes les tribus du monde, occasion en or de former sa propre opinion sur ces personnes qui sont si différentes de sa propre famille. Lorsque j’ai emménagé à Paris à l’âge de dix-huit ans, j’étais bien armé pour la vie dans un autre village mondial.
L’endroit que je préférais à New York était et reste, Greenwich Village. Dès l’âge de onze ans, j’y effectuais une sorte de pèlerinage deux fois par semaine, une fois pour mon cours de guitare avec Myron, qui habitait sur MacDougal Street, et tous les dimanches pour le rassemblement des chanteurs de folk à Washington Square Park. Mes jeunes oreilles se délectaient de cette profusion de sons fascinants sortis d’instruments tout aussi incroyables –banjos, harmonicas, guitares, tambours métalliques, flûtes, bongos – qui se mêlaient aux voix se frottant à tous les répertoires, du blues aux chants de marins. C’est là que j’ai découvert quel était mon destin. C’est là que m’a été donné un avant-goût de l’avenir qui m’attendait.
Quand j’ai rencontré Patricia à Paris, il y a quelques années, il eut comme une reconnaissance. Même si elle n’avait pas pris la photo de mon meilleur album (Diamond days), je ne serais pas moins un fervent admirateur de son travail. Ses photos dévoilent tout un monde de surprises qui pourtant s’offre à nous avec ce je-ne-sais-quoi d’immédiatement familier. Elle a une façon bien à elle de se couler dans le monde qu’elle photographie. C’est donc pour moi tout à la fois un honneur et un plaisir de contribuer, même modestement, à cette magnifique collection de clichés de ma ville natale.
Édité par Édition Pyramyd ntcv
Format 21 cm x 21 cm – 160 pages – Parution 2007
Prix Public 29 Euros – (Épuisé)