Après avoir exploré tant d’endroits et parcouru le monde pour assouvir sa soif de découverte, Patricia de Gorostarzu a décidé de se perdre dans sa propre ville pour la photographier. Elle a choisi de la faire faire au coeur de l’hiver, car c’est sans le feuillage de ses arbres que Paris se montre sans pudeur et dans toute sa splendeur, qui de jour comme de nuit, est parfaitement mise en lumière. Comme une ville qu’elle ne connaissait pas, elle a redécouvert sa ville natale. Au fil de ses balades, elle a photographié Paris avec son Polaroid. Ce « road trip » parisien, lui a fait ressentir encore plus profondément la chance qu’elle avait de se promener dans l’une des plus belles villes du monde.
Préface de Tania de Montaigne
À nous deux Paris ! C’est ce qu’on dit dans les romans, dans les poèmes, dans les films, dans les chansons. De tout temps, jeunes Rastignac, venus de loin ou de tout près, en RER ou en charter, on a rêvé cette ville avec la force de ceux qui se croient tout permis, on a gravi une à une les marches qui menaient à l’idée qu’on s’était faite de tout ça, on a essayé en tout cas. À nous deux ! On s’y est écorché les genoux, râpé les mains, on s’y est émerveillé, on s’y est tapé la tête contre des murs visibles ou invisibles, des murs de pierre, de verre, des murs d’indifférence ou d’oubli. On y a mangé des crêpes indigestes en attendant l’ouverture des premiers métros, on y a bu des cafés interminables pour faire durer les quelques sous qu’on avait en poche, on y a été fille, femme, on y a été amoureux, on y a embrassé des garçons à bonnets péruviens pas forcément mémorables. À nous deux ! Assis sur des marches, sur des bancs, dans des parcs, on s’y est raconté des projets plus grands que nous qui, pour certains, existent aujourd’hui, quand d’autres attendent encore. On les croise parfois au détour d’un tiroir resté longtemps fermé, et alors, on les repêche, ou on les enterre à nouveau. La partie continue.
À nous deux ! On a remis des pièces dans le flipper, on a relevé les manches, fermé les poings, on a ouvert les bras, tendu les mains, on a lancé des pavés dans la mare, des mots dans l’arène, on a ri, on a pleuré, on a été meurtri parfois, déçu aussi. Alors on s’éloigne, on tourne les talons, le regard, on choisit un autre lieu, une autre vie, d’autres avenues. Mais quand on revient, c’est toujours pareil, on se dit que c’est beau, que ça vaut le coup, qu’ailleurs ne vaut pas ici, et on soupire, et on replonge. C’est reparti pour un tour. Ça sera dur, peut-être, ça sera drôle, sûrement, ça sera pas comme prévu, évidemment.
À nous deux Paris ! C’était hier et ce sera demain.
Tania de Montaigne
Édité par Édition Albin Michel
Format 22 cm x 23 cm – 160 pages – Parution 2014
Prix Public 29 Euros
Chez Albin Michel