Préface de Philippe Alexandre
Depuis Waterloo, les Français savent que le mot « bistro » nous vient de Russie et veut dire « vite ». Les soldats russes, qui occupaient notre pays, prenaient à peine le temps de s’arrêter dans les auberges pour savourer notre cuisine. Ils n’imitaient pas leur empereur, le tsar Alexandre : le vainqueur de Napoléon avait découvert à l’Élysée, grâce à l’illustre chef Antonin Carême, les merveilles de la gastronomie française qui exige une douce lenteur, de l’apéritif au pousse-café.
Comme les Français adorent jouer avec les mots, aujourd’hui, pour avaler en vitesse sans même prendre le temps de regarder ce qu’il y a dans l’assiette, ils ont un mot américain « Mac Do ! »
La vitesse, qui est la fièvre de notre époque, n’a pourtant pas réussi à nous faire oublier la cuisine de bistro qui mijote sans se hâter, en ne lésinant ni sur le beurre ni sur la crème. Ni sur le vin qui fait les belles sauces et les agréables digestions. En faisant vivre Chez Marcel, un bistro comme il y en a eu tant dans les villages comme dans les fameuses cités françaises depuis plus de deux siècles, Pierre mérite la médaille de la Reconnaissance nationale. Il n’y a pas chez lui de maître d’hôtel en queue-de-pie ni de peloton de verres devant l’assiette mais c’est ici que l’on peut faire, dans une intimité joyeuse, ce repas à la française que l’Unesco a jugé constitutif du patrimoine de l’humanité.
Philippe Alexandre
Édité par Édition Albin Michel
Format 22 cm x 26 cm – 160 pages – Parution 2016
Prix Public 39 Euros